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commerce des Européens ; et je leur trouvai la légèreté du Français, l'ardeur de l'Anglais, la force de
l'Allemand, la longanimité de l'Espagnol, et d'assez fortes teintures des raffinements italiens : en un mot, un
aga vaut, à lui seul, un cardinal, quatre ducs, un lord, trois grand d'Espagne, et deux princes allemands.
" De Constantinople, j'ai passé, messieurs, comme vous savez, à la cour du grand Erguebzed, où j'ai formé
nos seigneurs les plus aimables ; et quand je n'ai plus été bon à rien, je me suis jeté sur cette figure-là, dit le
bijou, en indiquant, par un geste qui lui était familier, l'époux de Cypria. La belle chute ! "
L'auteur africain finit ce chapitre par un avertissement aux dames qui pourraient être tentées de se faire
traduire les endroits où le bijou de Cypria s'est exprimé dans des langues étrangères.
" J'aurais manqué, dit-il, au devoir de l'historien, en les supprimant ; et au respect que j'ai pour le sexe, en
les conservant dans mon ouvrage, sans prévenir les dames vertueuses, que le bijou de Cypria s'était
excessivement gâté le ton dans ses voyages ; et que ses récits sont infiniment plus libres qu'aucune des
lectures clandestines qu'elles aient jamais faites. "
CHAPITRE XLVIII. CYDALISE.
Mangogul revint chez la favorite, où Sélim l'avait devancé.
" Eh bien ! prince, lui dit Mirzoza, les voyages de Cypria vous ont-ils fait du bien ?
- Ni bien ni mal, répondit le sultan ; je ne les ai point entendus.
- Et pourquoi donc ? reprit la favorite.
- C'est, dit le sultan, que son bijou parle, comme une polyglotte, toutes sortes de langues, excepté la mienne.
C'est un assez impertinent conteur, mais ce serait un excellent interprète.
- Quoi ! reprit Mirzoza, vous n'avez rien compris du tout dans ses récits ?
- Qu'une chose, madame, répondit Mangogul ; c'est que les voyages sont plus funestes encore pour la
pudeur des femmes, que pour la religion des hommes ; et qu'il y a peu de mérite à savoir plusieurs langues.
On peut posséder le latin, le grec, l'italien, l'anglais et le congeois dans la perfection, et n'avoir non plus
d'esprit qu'un bijou. C'est votre avis, madame ? Et celui du Sélim ? Qu'il commence donc son aventure,
mais surtout plus de voyages. Ils me fatiguent à mourir. "
Sélim promit au sultan que la scène serait en un seul endroit, et dit :
CHAPITRE XLVIII. CYDALISE. 126
Les Bijoux Indiscrets
" J'avais environ trente ans ; je venais de perdre mon père ; je m'étais marié, pour ne pas laisser tomber la
maison, et je vivais avec ma femme comme il convient ; des égards, des attentions, de la politesse, des
manières peu familières, mais fort honnêtes. Le prince Erguebzed était monté sur le trône : j'avais sa
bienveillance longtemps avant son règne. Il me l'a continuée jusqu'à sa mort, et j'ai tâché de justifier cette
marque de distinction par mon zèle et par ma fidélité. La place d'inspecteur général de ses troupes vint à
vaquer, je l'obtins ; et ce poste m'obligea à de fréquents voyages sur la frontière.
- De fréquents voyages ! s'écria le sultan. Il n'en faut qu'un pour m'endormir jusqu'à demain. Avisez-y.
- Prince, continua Sélim, ce fut dans une de ces tournées que je connus la femme d'un colonel de spahis,
nommé Ostaluk, brave homme, bon officier, mais mari peu commode, jaloux comme un tigre, et qui avait en
sa personne de quoi justifier cette rage ; car il était affreusement laid.
" Il avait épousé depuis peu Cydalise, jeune, vive, jolie ; de ces femmes rares, pour lesquelles on sent, dès la
première entrevue, quelque chose de plus que de la politesse, dont on se sépare à regret, et qui vous
reviennent cent fois dans l'idée jusqu'à ce qu'on les revoie.
" Cydalise pensait avec justesse, s'exprimait avec grâce ; sa conversation attachait ; et si l'on ne se lassait
point de la voir, on se lassait encore moins de l'entendre. Avec ces qualités, elle avait droit de faire des
impressions fortes sur tous les coeurs, et je m'en aperçus. Je l'estimais beaucoup ; je pris bientôt un sentiment
plus tendre, et tous mes procédés eurent incessamment la vraie couleur d'une belle passion. La facilité de mes
premiers triomphes m'avait un peu gâté : lorsque j'attachai Cydalise, je m'imaginai qu'elle tiendrait peu, et
que, très honorée de la poursuite de monsieur l'inspecteur général, elle ne ferait qu'une défense convenable.
Qu'on juge donc de la surprise où me jeta la réponse qu'elle fit à ma déclaration.
" Seigneur, me dit-elle, quand j'aurais la présomption de croire que vous êtes touché de quelques appas
qu'on me trouve, je serais une folle d'écouter sérieusement des discours avec lesquels vous en avez trompé
mille autres avant que de me les adresser. Sans l'estime, qu'est-ce que l'amour ? peu de chose ; et vous ne
me connaissez pas assez pour m'estimer. Quelque esprit, quelque pénétration qu'on ait, on n'a point en deux [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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